[INTERVIEW] Q&A avec Effie Calvin // Q&A with Effie Calvin (FR/ENG)

C’est un projet que j’ai envie de mener depuis longtemps : interviewer des auteurices qui mettent en avant la diversité dans leurs romans pour avoir leur point de vue sur l’écriture, le monde de l’édition et pour vous les faire connaître un peu mieux. Cette fois-ci, c’est l’autrice Effie Calvin qui a eu la gentillesse de répondre à mes questions !

Q&A avec Effie Calvin

As-tu toujours voulu être écrivaine ?

Je pense que oui ! J’ai des souvenirs de terribles fanfictions Pokémon que j’ai écrite. Mon personnage était une sirène parce que ça semble évident.

Est-ce que tu as des rituels d’écriture ?

Quand je travaille sur un projet, j’essaye d’écrire un certain nombre de mots par jour. En général, c’est environ un millier. J’ai aussi réalisé que je travaille plus quand je commence à à travailler tôt, mais c’est juste moi.

A chaque fois que des gens m’écrivent pour avoir des conseils sur comment commencer à écrire, je souligne toujours qu’il est important de connaître ses propres besoins. Il ne faut pas s’inquiéter de reproduire ce que font vos auteurs favoris, faites ce qui marche pour vous.

Tes livres ont un univers immense et beaucoup de personnages, qu’est-ce qui est le plus compliqué à écrire ?

En vérité, je n’ai pas de mal à me souvenir des prénoms et des noms de lieux, ce qui me peut paraître bizarre. J’ai un document où je note tous les noms des dieux et j’ai des cartes pour les lieux. Parfois, je dois vérifier pour être sûre que je ne dis pas de bêtises à propos d’un personnage mineur que j’ai inventé pour une ligne et que j’ai oublié.
La partie la plus dure c’est de revenir en arrière et de réaliser que j’ai écrit quelque chose dans un livre précédent qui ne va pas avec ce que je veux faire avec la suite. Dans Daughter of the Sun, Ionna mentionne que sa grand-mère ne veut pas qu’elle soit impératrice mais dans le quatrième livre, on va voir que Grand-Mère Irianthe est l’une des plus ferventes supportrices de Ionna. C’est une erreur de ma part qui vient d’une ancienne version de l’histoire. Pour la régler, j’ai du creuser dans le personnage de Irianthe pour faire comprendre pourquoi elle a changé d’avis. Ça a ajouté de la profondeur au personnage donc je suis contente du résultat. Mais je ne suis pas toujours aussi chanceuse et parfois je dois travailler autour de décisions que j’ai prise auparavant.

En tant que lectrice quel est le premier livre qui t’as fait pleurer ?

Si je me souviens bien c’était le dernier livre de la série Animorphs. Si vous l’avez lu, vous savez pourquoi.

Je me souviens aussi voir pleuré en lisant La Dernière Bataille, le dernier livre Narnia, parce que je trouvais que c’était une fin terrible pour tout le monde et je ne comprenais pas pourquoi les personnages étaient si heureux. Quand j’ai été assez âgée pour comprendre l’allégorie, j’ai quand même trouvé la fin horrible.

Quel est ta scène ou ta citation préférée de tes romans ?

Je ne suis pas sûre d’en avoir une mais j’adore quand les lecteur-trices me tweetent les phrases qui les ont fait rire ! Je trouve qu’il y a pas mal de bonnes réparties dans les livres dispersées ici et là.

Avec lequel de tes personnages te sens-tu le plus proche ?

Probablement Orsina parce qui ne peut pas comprendre la douleur de se faire ghoster ? J’aime tous les personnages qui ont un PDV dans mes romans mais je pense qu’Orsina est celle qui me ressemble le plus en terme de personnalité et d’expérience. Elle aime les règles et la structure et elle est très idéaliste. J’aime penser que je suis un peu plus incline à questionner l’autorité qu’elle mais peut-être que c’est un simple vœu.

Quel a été la scène la plus dur à écrire ou le plus gros challenge ?

Comme je l’ai mentionné avant, garder une certaine continuité peut être difficile. Les gros événements sont faciles à retenir surtout depuis que je garde une trace de tout mon world-building dans des documents. Mais se souvenir des petites phrases que j’ai mis ici et là peut être plus compliqué. Donner un bon correct ou garder une certaine tension, c’est quelque chose que j’ai du mal à faire. Mais globalement, je n’ai jamais trouvé qu’écrire était un challenge.

Quelle a été la première représentation queer qui a vraiment résonné en toi ? Est-ce qu’il y a quelque chose, en terme de représentation, que tu aimerais plus voir dans les romans ?

Probably Haruka et Michiru (Sailor Uranus et Sailor Neptune) de Sailor Moon. J’étais très jeune quand l’animé est arrivé aux USA. Mais j’ai appris par Internet que les traductions anglaises ne faisaient pas justice à l’animé de plusieurs façons alors j’ai commencé à chercher pour des sous-titres faits par des fans. Je ne pouvais pas imaginer un cartoon américain avec des personnages ouvertement gay représentés si positivement, jusqu’à ce moment là je n’avais vu des personnages queer stéréotypés et représentés comme le méchant de l’histoire. Je pense que ça a été le moment où j’ai réalisé que ça n’avait pas toujours à être comme ça.

Naturellement, j’aimerais voir plus d’histoires avec des relations queer dans la culture grand public et ça commence à venir ! Mais j’aimerais voir une reconnaissance que les personnes queer existent même dans des livres qui ne sont pas centrés sur eux. Je mets la barre basse mais même une représentation par accident peut être très important pour les jeunes lecteur-trice-s qui peuvent se trouver dans un environnent où il n’est pas sûr pour eux de lire des livres queer.

On a de plus en plus de livres queer qui sortent chaque année mais j’ai toujours l’impression qu’il y a très peu de livres de fantasy avec de la représentation LGBTQ+. Est-ce que c’était important pour toi de créer un monde différent du nôtre ? D’avoir un univers où il n’y avait pas d’oppression pour les personnages queer et racisés ?

La SF et la fantasy ont toujours été mes genres préférés. J’en ai lu tellement quand j’étais enfant donc ça a vraiment influencé mon écriture. J’ai écrit autre part à propos du fait que ce sont les genres idéals pour concevoir des mondes où la bigoterie ne serait pas autorisée à prendre racine et j’aimerais en voir plus souvent.
Je pense que la première fois que j’ai lu un roman de fantasy avec un personnage explicitement gay c’était The Will of the Empress de Tamora Pierce. Auparavant, la seule représentation que j’avais vu dans ce genre là n’était que de subtiles allusions et beaucoup de choses offensives qui dataient un peu.
Ce qui m’a le plus influencé quand j’ai créé mon monde c’était les nombreux jeux vidéos auxquels j’ai joué. Dans beaucoup d’entre eux, on pouvait avoir une romance avec n’importe quel personnage, peu importe le genre de notre personnage. Et en général, il n’y avait aucun problème d’acceptation. Je suppose que c’était surtout parce que l’écriture et l’enregistrement de nouveaux dialogues pour les couples gay auraient été du travail en plus. Mais au final, le résultat, intentionné ou pas, c’était un monde où on ne voit pas d’homophobie. Ça sous-entendait que tout le monde dans le jeu était bi/pan parce qu’il se fichait pas mal de comment tu avais customisé ton personnage. Alors j’ai pris ces idées et je les ai utilisé pour créer mon univers.
Autre chose qui a été une influence pour moi c’est quelque chose que j’ai trouvé au collège quand je parcourais les Fairy Books d’Andrew Lang. Dans le livre Violet Fairy, il y a une histoire obscure appelée The Girl Who Pretended to Be A boy (La Fille qui Prétendait être un Garçon). Ça a été publié en 1901, ce qui est difficile à croire puisqu’il raconte l’histoire d’un héros qui transitionne par magie, épouse la princesse et vit heureux pour toujours. Je sais que le mot « prétend » dans le titre va faire tiquer quelques lecteur-trice-s, mais ça reste étonnant si on considère l’année de publication. L’histoire peut être trouvé sur Project Gutenberg (bibliothèque d’ebooks en ligne) avec le reste du livre Violet Fairy et je vous recommande de jeter un coup d’oeil si vous êtes curieux. J’ai aussi vu une autre version qui s’appelle The Princess Who Became a Prince (La Princesse Qui Devint Prince) qui est d’origine turque mais je n’arrive pas à savoir où et quand ça a été d’abord publié. Quand j’ai trouvé cette histoire, je ne savais pas trop quoi en faire, je n’avais jamais entendu le mot « transgenre » avant, mais le concept d’une transition magique ne m’a jamais quitté et ça a joué un certain rôle quand je créais mon univers.
Honnêtement, je ne pensais pas que quelqu’un publierait The Queen of Ieflaria. Pas parce que c’était agressivement gay mais parce que je l’écrivais juste pour moi, pour me détendre après m’être pris au sérieux pendant trop longtemps. Avant, j’avais écris et envoyé des lettres à des agents pour deux autres livres de science-fiction sans élément queer parce que je pensais qu’en inclure réduirait mes chances d’être publiée. Je me sentais épuisée alors je me suis dit « fuck je vais écrire sur des princesses qui tombent amoureuses et tout le monde réagira ‘oh c’est cool’ et c’est merveilleux ». Et ça a commencé de là. Il y a tellement de livres où toutes sortes de minorités doivent être misérables à cause de notions préconçues de « oh c’est comme ça que c’était avant (Avant quand ? Quand on avait des dragons ?) Concevoir un monde où être queer n’était pas quelque chose de subversif me paraissait subversif en soi.
Dans la prochaine moitié de la série, on va petit à petit explorer pourquoi Inthya est comme il est, comme sous-entendu dans le deuxième livre, ce n’est pas le premier monde que les dieux ont créé et il y a une grande peur que celui-ci meurt comme les autres. Dans le quatrième livre et après, on va voir comment le monde a été minutieusement fabriqué pour exclure ce genre de bigoterie qui a amené les autres mondes à la ruine, même si évidemment il y a aussi d’autres problèmes internes et externes.

Tu peux nous dire quelque chose sur ton prochain livre ? Se passera-t-il aussi dans le même univers que les trois premiers ?

Mon prochain livre, The Empress of Xytae est le quatrième dans la série Tales of Inthya. Comme beaucoup de personnes ont deviné à partir du titre, il se concentrera sur Ioanna qui va essayer de reprendre le trône après que son père est été tué pendant un combat. Sa plus jeune soeur, qui veut le trône pour elle, est l’antagoniste principal. Il est déjà écrit et sortira en décembre. La série devrait contenir six livres au total. J’en écrirais peut-être plus, s’il y a de l’intérêt, parce que c’est un monde très étendu et j’ai l’impression que je peux faire beaucoup avec. Mais six, c’est ce que je dois faire pour finir l’histoire.

It’s a project I wanted to do for a very long time : making interviews with authors who make diversity happen in their books to have their point of view on writing, editing and to make you know them better. This time Effie Calvin was king enough to answer some of my questions !

Q&A with Effie Calvin

Have you always wanted to be a writer?

Yes, I think so! I have memories of writing terrible Pokemon fanfiction at a very young age. My OC was a mermaid, because of course she was.

Do you have any writing rituals?

When I’m working on a project, I try to write a set number of words per day. Usually that’s around a thousand or so. I’ve also found I get more work done if I start early in the day, but that’s just me.

Whenever people write to me asking for advice on getting started, I always emphasize that the important thing is figuring out your own needs. Don’t worry about emulating your favorites, do what works for you.

Your books have a huge universe and a lot of characters, what is the most difficult part about writing for you?

I actually don’t have a whole lot of trouble keeping all my major names and places straight, which seems odd, but it’s the truth. I do track all my gods in a spreadsheet, and I’ve got maps and stuff for locations. Sometimes I do have to double-check to make sure I’m not overwriting a minor character that I invented for one line and then forgot about.

The hardest part is going back and realizing that I’ve written a throwaway line in a previous book that messes up something I want to do in a later book. In DotS, Ioanna mentions that her grandmother doesn’t want her to be Empress, but in book 4, we’re going to see Grandmother Irianthe is one of Ioanna’s most powerful supporters. This was totally a screw-up on my part, left over from an earlier version of the story. To fix it, I had to delve a little deeper into Irianthe’s character and decide why she would change her mind. The end result added more depth to her character, so it had a good outcome! But I’m not always so lucky, and sometimes I have to work around previous decisions I’ve made.

As a reader, what is the first book that made you cry?

If I’m remembering correctly, it was the final book in the Animorphs series. If you read it, you know why.

I also remember crying at The Last Battle, the final Narnia book, because I thought it was a terrible ending for everyone and I couldn’t understand why the characters were so happy. Once I was old enough to understand the allegory, I still thought it was a terrible ending.

Your favorite moment/quote from your own books?

I am not sure if I have one favorite, but I love it when readers tweet me with lines that made them laugh! I feel like there’s a lot of good one-liners in these books, sprinkled in here and there.

Which of your characters do you feel the closest to?

Probably Orsina, because who can’t relate to getting ghosted? I love all my POV characters, but I think Orsina is the one I’m most similar to in terms of personality and experiences. She likes rules and structure and is very idealistic. I like to think I’m a little more inclined to question authority than she is, but maybe that’s just wishful thinking.

What was the hardest scene to write or the biggest writing challenge with the books?

Like I’ve mentioned before, just keeping continuity can be difficult. The big things are easy to remember, especially since I track all my world building information in separate documents. But remembering little lines I’ve tossed in here and there can be a lot trickier. Correctly pacing a book, or keeping tension high, is something I sometimes struggle with. But overall, I’ve never found writing to be terribly challenging.

What’s the first queer representation you saw that really resonated with you? Is there anything you’d still really like to see in terms of representation especially in books?

Probably Haruka and Michiru from Sailor Moon. I was very young when the DIC dub hit the USA. But I learned from the internet that the English dub wasn’t doing the show justice in a lot of ways, and I started searching for fansubs. I couldn’t imagine an American cartoon having openly gay characters portrayed so positively—up until that point, I’d only seen stereotypical queer-coded villains. So I think that was the point where I realized it didn’t have to be that way.
Naturally, I’d like to see more stories about queer relationships hit the mainstream—and they are starting to! But I’d also like to see an acknowledgement that queer people even exist in books that aren’t centered around them. That’s a pretty low bar, but even incidental representation like that can be hugely important to young readers who might be in an environment where it’s unsafe to read overtly queer books.

We have now a lot of queer books coming out every year but I feel like there are still so few fantasy books with LGBTQ+ representation. Was it important to you to create a world different from ours? To have a world where there are no more oppression for queer people and people of color?

Sci fi and fantasy have always been my favorite genres. I read so much of it when I was a kid and so it’s been very influential on my writing. I’ve written elsewhere about how I think they’re the ideal genres to design worlds where bigotry hasn’t been allowed to take root, and how I’d like to see more of that.
I think the first time I ever read a fantasy novel with an explicitly gay character was The Will of the Empress by Tamora Pierce. Previously the only representation I’d seen in the genre were subtle nods—and a lot of offensive stuff from earlier decades.
My biggest influence when I was designing my world was many of the video games I’d played. In a lot of these games, you could romance whatever character you wanted, regardless of your character’s gender. And usually there was no acknowledgement that someone, somewhere might find this objectionable. I assume this was mostly just because writing and recording new dialogue for gay couples would be a lot of extra work. But the end result—intentional or not—is a world where you don’t see that kind of bigotry. It also kind of implies that everyone in the game is bi/pan because they’d be cool with dating you no matter how you customized your character. I thought that seemed like a setting that would be a lot of fun to play around in. So I took those ideas and used them when designing my setting.
Another influence on me was something I found in middle school, when I was making my way through Andrew Lang’s Fairy Books. In the Violet Fairy Book, there is an obscure story called The Girl Who Pretended to Be A Boy. It was published in 1901, which is difficult to believe since it features the hero transitioning via magic and marrying his princess and living happily ever after. I know the word ‘Pretended’ in the title will give some readers pause, but it’s a surprisingly affirming narrative, especially when you consider the year of publication. The story can be found on Project Gutenberg along with the rest of the Violet Fairy Book, and I recommend checking it out if you’re curious. I’ve also seen another version floating around called The Princess Who Became A Prince, which appears to be Turkish in origin, but I can’t figure out where or when it was first published. At the time I found the story, I didn’t really know what to make of it—I had never even heard the word ‘transgender’ before—but the concept of a magically aided transition never left me and I’m certain it played a role when I was designing my world.
I honestly didn’t think anyone was going to publish TQOI. Not because it was so aggressively gay, but because I was just writing it for myself as a way to unwind after taking myself so seriously for such a long time. Previously, I’d written and queried two other books, both sci fi with no queer elements because I thought including them would hurt my chances of publication. I was feeling burned out so I just went “fuck it I’m gonna write princesses and they are IN LOVE and everyone goes ‘oh that’s nice’ and it’s wonderful.” And it just kind of spiraled from there. There’s so many books where all sorts of minorities have to be miserable because of some preconceived notion of that’s Just How It Was Back Then (Back when? Back when we had dragons?) Designing a setting where being queer wasn’t some subversive thing felt like it was subversive in itself.
In the latter half of the series, we are going to start to gradually explore why Inthya is the way it is—as implied in book 2, it’s not the first world that the gods have created, and there’s still a lot of fear that this one will die like all the others did. From book 4 onward, we’re going to see how it’s been carefully crafted to exclude the sort of bigotry that brought past worlds to ruin—though of course, there are still other problems to contend with, both internal and external.

Can you tell us anything about your next book? Will it still be set in the same universe and your first three books?

My next book, The Empress of Xytae, is #4 in the Tales of Inthya series. As many people have already guessed from the title alone, it’s about Ioanna trying to take the throne after her father is killed in battle. Her younger sister, who wants the throne for herself, is the primary antagonist. It’s already written and will be released in December. It’s my intention for this series to have six books in total. I might write more if there’s interest, because it’s a big world and I feel like I can do a lot with it. But six is what I need to finish the overarching storyline.

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